Sur la route de la Bretagne, nous nous arrêtons chez Marie et Modou, un couple franco-sénégalais, des amis venus s'installer récemment à Caen. Marie nous emmène sur la côte sur une des nombreuses plages du débarquement. La guerre 39-45 est très présente ici. Assis à un café, elle nous raconte d'autres débarquements. Celui de sa petite fille née quelques mois auparavant. Celui d'un des frères de Modou, le plus petit, pourtant bien installé au Sénégal, avec un boulot, des amis, la famille, parti avec des amis pour rejoindre les rives de l'Europe. C'était pendant la grossesse de Marie. Une disparition, l'angoisse d'un coup de téléphone finalement reçu. Personne n'a compris, personne n'aurait misé sur lui. Et pourtant il est parti. Modou l'a convaincu de faire demi-tour. C'est comme cela que ça s'est fini. Parfois c'est mieux ailleurs et parfois peut-être pas. Qui sait dire ça? Qui peut juger? Partir est un risque immense. Mais la vie de certains ne tient qu'à ce risque-là. Vivre est un risque immense.

Anne