Dans le silence de la forêt, il y a nous dans notre camionnette qui dansons avec les ombres le soir, il y a ce panneau "Respectez le silence de la forêt", il y a le silence de l'abbaye d'Orval, il y a le silence de celui qui boit une gorgée de bière, il y a la ferme de Bois-le-Comte, où nous passerons une semaine entre la cuisine et le potager.

Dans le silence de Bois-le-Comte, il y a Luc, le propriétaire flamand, trois américains en woofing, Ellis la cuisinière, Hilde la gouvernante, Katleen la jardinière et un groupe de stagiaires en chamanisme. Une bulle coupée du reste du monde. Ici ça cuisine et ça mastique macrobiotique. Je commence à lire le Docteur Fukushima comme on l'appelle avec Chris parce que l'on se rappelle jamais son nom (en fait, c'est Georges Osawa, l'inventeur de la macrobiotique). Pour en savoir plus, un bon résumé ici. Ici il y a quelque chose de l'ascèse. Les cloches qui appellent au rassemblement pour les repas, manger lentement, presque en silence, faire la vaisselle, préparer la nourriture, manger, dormir. Les journées passent vite. Je me sens souvent dans la retenue, j'aurai parfois envie d'un bon magret de canard, d'un bon vin rouge, d'une conversation passionnée et d'une danse endiablée.

La veille de notre départ, voilà organisée une échappée sauvage. Nous allons de l'autre côté de la frontière pour aller voir un concert folk dans un pub appelé "The Oak". Après quelques errances sur des chemins de terre en pleine nuit, nous arrivons. A l'intérieur, le temps semble arrêté, comme si tous étaient là, à la même place, dans le même état, depuis bien longtemps. Ange-Marie, déjà bien entamée, nous accueille en gueulant "Bienvenue l'agence Tous Risques" (Touristes). Ange-Marie, elle danse, elle danse, son ange gardien veille à ce qu'elle ne renverse pas son verre partout, elle danse, elle nous parle en anglais car on est avec les trois américains, elle danse, elle vacille et retombe sur ses deux pieds et elle danse. Elle invite Nicky, l'un des américains, à danser. Avec Chris, nous les rejoignons et nous dansons. Ange-Marie emmène sur la piste les derniers récalcitrants et tout notre petit monde danse. Grande respiration pour moi, lâcher-prise et joie de la danse.

Dans le silence de la forêt, il s'en passe des choses.

Anne