La cook de Vigo et les conseils de Carmen

Vigo au Sud de la Gallice. Par internet, nous avons essayé de réserver une visite guidée sur les îles Cies, des îles à l'accès limité, mais c'était déjà complet. Par après, on s'est rendu compte que de toutes façons, on avait une semaine d'avance pour cette visite et qu'on commençait sérieusement à être perdu dans le temps.

Au lieu d'embarquer pour les îles, nous allons nous laver dans une piscine-spa d'un centre sportif en face du port. J'en ai été arrivée à mon jour deadline: 3 jours sans se laver.

Nous nous arrêtons au hasard dans un café "Casa Dali". Nous sommes en train de discuter et d'hésiter entre le pan con tomate ou le croissant, le café solo ou con leche. Quand la patronne se retourne vers nous et lance: "Vous voulez une couque?". Un accent brusseleir qui vient trancher l'ambiance sonore. Elle nous raconte qu'elle est revenue s'installer ici voilà 16 ans. Départ à 2 ans d'Espagne, 40 ans à Bruxelles et pourtant ce sentiment d'un retour. Quelque chose qui est plus fort que tout, que les raisonnements raisonnables, que les équations incalculables. Elle se plaint de la vie ici, surtout du système de santé, elle a eu un gros souci à la hanche, elle ne savait plus travailler, pas de place pour l'opérer ici et difficile d'être opérée ailleurs. Elle est venue se faire opérer à Bruxelles. Elle a mangé des frites. Car c'est ça qui lui manque le plus ici de la Belgique. Cela semble tellement insignifiant, les frites et pourtant c'est une ambiance, une odeur, des souvenirs, des lieux, un rapport au monde. Par contre, elle dit, pour la vie, c'est mieux ici. On l'a appelée Carmen car on a oublié de lui demander son prénom.

Carmen vient nous servir. Elle a plusieurs petits pots, c'est pour le cafe con leche, un pot de lait froid et un pot de lait chaud. Selon les indications qu'on lui donne, elle ajoute de l'un ou de l'autre, ça coule, le blanc dans le noir et ça se mélange. Il y a beaucoup d'attention dans son geste, la même attention que j'ai déjà vu lors de la préparation du thé sénégalais. Quelque chose de précieux dont j'ai l'impression que notre époque fait peu de cas. Je trouve ça beau, une attention à l'ici-maintenant et aux gens à travers ce geste si ordinaire.

Nous ne savons pas où nous allons. Nous demandons à Carmen quels sont ses endroits préférés autour de Vigo. Elle nous parle des plages vers Panxon, de Baiona et de son château de Monterreal. Nous suivons ses mots à travers la route.

Anne