Aller à Saint-Jacques de Compostelle sans faire le pélerinage. Quelle idée! Il paraît que certains font les derniers kilomètres et mettent en scène leur arrivée, histoire de dire On l'a fait. C'est du chemin qu'il s'agit. Est-ce que l'on a le temps de cheminer en quelques kilomètres ou quelques jours? Est-ce que le chemin ce n'est pas le temps qui tisse et défait l'expérience? Est-ce que le chemin ce n'est pas les kilomètres que tu as dans les pieds ou dans le coeur qui te fait dire que tu es allé au bout de toi-même? Nous sommes en chemin, même si nous n'avons pas parcouru celui de Saint-Jacques.

C'est étrange d'arriver là. Il manque le sens du pourquoi là, il manque la complicité des pélerins qui ont vécu quelque chose de commun, même s'ils ont marché seuls. Un centre-ville, des boutiques de souvenirs, des marcheurs en tenue de marcheurs et puis des wasserettes! Parce que finalement, ce qui était vraiment important pour nous à ce moment-là, comme pour tous ceux qui sont sur la route, c'était de laver nos vêtements.

Nous sommes aussi allés visiter la cathédrale. Pendant que Chris méditait assis sur un banc, je me suis promenée. Des confessionnals alignés, un voyant pour indiquer la disponibilité, des prêtres à l'intérieur comme dans des cabanes de marché de Noël, des croyants à terre à genoux chuchotants leur confession à l'oreille du prêtre au regard de tous. Quelque chose m'a gêné. Cette exhibition? Cette mise en scène de la culpabilité et de la rédemption? S'il suffisait de s'agenouiller là pour s'allèger du poids de nos malheurs et devenir libre? Je n'y crois pas et cela me dérange.

Le chemin allège et fait revenir à l'essentiel.

Nos vêtements dans la machine à laver. Dans le tambour d'une machine d'une wasserette chic avec fauteuils Louis XV et wifi pour pélerins.

Attendre en dégustant une bière et des tapas, attendre et discuter avec le gérant de la wasserette qui se plie en quatre pour que ton jean soit bien sec. D'une discussion et d'un heureux hasard, se laisser guider vers une nouvelle destination, un lieu d'enfance, dont on nous parle avec amour. Allons-y.

Pontevedra. Un goût de Gallice. Mariage. Chants et danses.

Anne