Belgique, Portugal ou Alaska?

Nous remontons vers la Belgique.

La première nuit, nous roulons et puis nous bifurquons sur un chemin de terre pour nous poser. Il fait tout noir déjà. Et il n' y a pas de lampadaires. Un chemin de crête. A toujours vouloir aller plus loin, nous nous embourbons dans le chemin. Comme je suis la fille naturelle de Mac Gyver, je saute de la camionnette et guide Chris. Nous nous sortons de cette situation. Nous rebroussons chemin et nous posons au bord du chemin de crête, un peu en pente. Le lendemain, avant de repartir, nous nous engueulons. Ce retour apporte son lot de tension. Et puis comme un signe, au moment de partir, la porte avant passager qui ne se ferme plus. Nous essayons dans tous les sens. Impossible de fermer la porte et donc de rouler et donc de partir. Finalement, Chris, qui a lui aussi une parenté avec ce fameux Mac, finira par démonter en partie la porte pour pouvoir la fermer.

Sur la route, nous voulons nous arrêter, nous avons l'adresse d'un domaine, chez Ana, où l'huile d'olive est bio et très bonne. Pour faire des provisions et ramener un peu de cette terre avec nous. A travers les champs, nous arrivons un peu par hasard dans une ferme. Nous demandons Ana à un vieux paysan. Il nous montre l'arrière de la ferme. Nous sommes accompagnés par de grands chiens. A une table, Ana avec son chapeau et son compagnon. Du poisson, des légumes, du vin, de la tartinade de poivrons façon chili. Ana nous dit que la réserve d'huile d'olive de la dernière récolte est terminée et que nous devrons repasser dans quelques mois. Citadins que nous sommes, nous avons oublié que la plupart de ce que nous trouvons tout le temps au supermarché est aussi lié aux saisons et aux cycles. De fil en aiguille, nous nous asseyons avec eux et Chris parle de notre voyage, d'une envie de s'installer au Portugal. Ana nous demande si nous ne serions pas intéressés par rester avec eux et apprendre le travail de la culture de l'olive. En 10 minutes. Une route venait de nous apparaître. Il y avait tellement de routes possibles. Nous ne nous arrêterons pas là cette fois. Nous repartons avec un pot de poivrons chili fait maison. Nous achèterons de l'huile d'olive au supermarché.

Nous nous arrêtons pour la nuit à Evora et pour une fois trouvons une chambre dans une auberge de jeunesse. Au matin, joie des rencontres autour de la table du petit déjeuner. Un duo d'étudiants qui déjeunent avec leurs ordinateurs, un couple de japonais, un couple de randonneurs suisses et nous. Entre deux allers-retours pour se servir au buffet, une conversation naît. Le couple de Suisse habite en fait en Alaska, ils y tiennent un hôtel le "Moby Dick", seulement une partie de l'année et l'autre ils voyagent. Ils nous racontent l'appel du paysage, l'école à la maison avec les enfants, la possibilité de faire et de se tromper, mentalité si loin de ce qu'ils avaient connu en Suisse, l'impression d'être chez soi. Nous qui remontions en Belgique...Cela fait se poser des questions. Ben oui tiens l'Alaska pourquoi pas? L'ailleurs est tellement séduisant.

Un peu plus tard sur la route, c'est la vitre avant conducteur qui ne se ferme plus. Nous la remontons manuellement mais du coup nous ne prenons pas le risque de l'ouvrir aux péages d'autoroutes. Nous accomplissons donc chaque fois une joyeuse gymnastique pour ouvrir la porte et payer sans descendre de la camionette. Va-t-on réussir à remonter jusqu'en Belgique?
 

Anne

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